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Agriculture-Viticulture : une embellie, mais toujours des inquiétudes

[Juillet 2023] BPCE L’Observatoire livre les résultats de la 3e édition de son enquête Agriculture-Viticulture, menée par téléphone auprès de 1 251 chefs d’exploitation début 2023, en collaboration avec l’institut BVA.

BPCE L'Observatoire
photo 2 personnes au milieu des cultures

Un environnement chahuté 

Les signaux économiques se sont plutôt améliorés ces deux dernières années, notamment en matière d’activité et de revenus, mais la rentabilité des exploitations reste un sujet de préoccupation majeur dans un contexte d’incertitudes :

  • Le choc inflationniste a été important pour 8 exploitants sur 10, obligeant certains à prendre des mesures de réduction d’activité et d’investissements, alors que d’autres ont bénéficié de l’augmentation des prix de marché.
  • Aux tensions inflationnistes s’ajoutent les difficultés de recrutement, notamment de main d’œuvre saisonnière : 7 employeurs sur 10 déclarent au moins une difficulté en matière de ressources humaines.
  • Environ la moitié des agriculteurs-viticulteurs déclarent que les aléas climatiques ont un impact opérationnel sur la gestion de leur exploitation (techniques de production, stratégie d’investissement…).

Cet environnement pèse sur les perspectives d’investissement à 2 ans, en baisse d’environ 15 points par rapport à 2021. Signe des temps, l’énergie est le 2e poste d’investissement après l’acquisition ou le renouvellement de matériel et le seul qui soit en progression par rapport à 2021. De fait, 19 % des agriculteurs-viticulteurs produisent de l’énergie actuellement, et cette proportion devrait continuer de progresser, y compris au sein des exploitations petites et moyennes.

Diversification et agriculture durable : la diffusion des pratiques marque le pas

A l’exception notable de la production d’énergie, la diversification des activités ne progresse pas : comme en 2021, 45 % des agriculteurs-viticulteurs ont déjà une activité non-agricole ou para-agricole (production d’énergie, vente directe, tourisme, transformation, second métier hors de l’exploitation).

La diversification via la vente directe est bien installée en viticulture et maraîchage (plus de 40 % des exploitations). Si son élargissement semble limité au regard des faibles intentions d’engagement, ses modalités évoluent à travers la vente en ligne ou l’acceptation de nouveaux moyens de paiement (carte bancaire, virement…). Sur ces deux aspects, les agriculteurs-viticulteurs restent néanmoins en deçà des autres secteurs d’activité et les marges de progression sont importantes.

La diffusion des pratiques d’agriculture durable marque le pas, à commencer par le label bio : les intentions de conversion sont en nette baisse (4 % vs 8 % en 2021), et 11% envisagent de quitter le bio au cours des 5 prochaines années. Par ailleurs, la part des agriculteurs-viticulteurs se disant engagés dans une démarche d’agroécologie est stable (49 % vs 51 % en 2021). On assiste probablement à un double phénomène. D’une part, la crise de croissance du « marché du bio » et les besoins d’adaptation pressants (énergie, inflation…) n’incitent pas les agriculteurs à prendre le risque d’un changement de modèle profond. Les nouveaux venus à l’agriculture durable sont donc plus circonspects. D’autre part, les exploitants déjà engagés de longue date dans cette démarche, à l’instar des viticulteurs, sont persuadés de sa pertinence économique et sociétale, et ils aspirent à approfondir leur engagement.

En toile de fond, l’enjeu du renouvellement

La moitié des exploitants ont plus de 55 ans et devraient partir en retraite d’ici à 10 ans, 26 % envisageant déjà de ne plus travailler sur leur exploitation d’ici à 5 ans (contre 21 % en 2021). La retraite et la cession-transmission sont désormais les préoccupations principales pour 35 % des agriculteurs-viticulteurs (+7 pts vs 2021). Pour autant, seulement 41% des exploitants estiment que la reprise est assurée, un chiffre en recul par rapport à 2021 (-4 pts vs 2021). 

Le renouvellement s’annonce massif et son horizon se rapproche. L’enjeu est double car les plus âgés ont tendance à la fois à moins investir à court terme et à rester en retrait du mouvement d’adaptation des exploitations aux enjeux climatiques et socioéconomiques. Or, la sécurisation de la cession-transmission est un facteur clé de préservation de la compétitivité des entreprises agricoles et viticoles : les plus de 55 ans dont la reprise est assurée sont 55% à avoir des projets d’investissement à 2 ans, contre moins d’un tiers pour les autres. A moyen terme, avec le renouvellement des générations, ce qui se joue est la transformation des modèles pour réussir les transitions majeures auxquelles l’agriculture et la viticulture sont confrontées.​​​​​​

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