BPCE L'Observatoire
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La remontée des défaillances d’entreprises se poursuit en 2è trimestre

[Septembre 2023] Nos économistes, Alain Tourdjman et Julien Laugier, publient une nouvelle étude sur les défaillances d'entreprises à l'aune des données du 2e trimestre 2023. Les défaillances constituent un indicateur incontournable de la santé économique des entreprises, notamment du tissu de TPE-PME.

Une remontée des défaillances franche et en ordre dispersé

Au 2e trimestre 2023, le nombre de défaillances est redevenu supérieur à son niveau de 2019 (13 358 défaillances) et la situation ne devrait pas s’améliorer dans les mois à venir, compte tenu de la dégradation relative de l’environnement économique, des conséquences de l’inflation (remontée rapide des taux, pressions sur les marges et comportement de consommation des ménages) et du remboursement de la dette covid. 

En particulier, les PME-ETI sont en première ligne avec deux fois plus de défauts qu’en 2019, ce qui suggère un impact économique des défaillances (en termes d’emplois notamment) aussi dégradé qu’en 2015-2016. Il s’agit là d’un point d’alerte majeur pour le tissu productif français.

Quelques territoires (Aquitaine et Poitou-Charentes notamment) et certains secteurs sont particulièrement touchés : l’agriculture, l’agroalimentaire, le transport routier de marchandises, et les services informatiques et édition de logiciels. Les entreprises en lien direct avec le consommateur paraissent plus en difficultés (agroalimentaire, coiffeurs, soins corporels, loisirs, …), dans un contexte inflationniste qui a modifié les comportements de consommation. A l’inverse, le secteur du bâtiment résiste pour l’instant aux difficultés du marché de l’immobilier.

Les défaillances devraient continuer à progresser au cours des 18 prochains mois

Au-delà de l’héritage de la dette covid, l’inflation est une source de préoccupation majeure pour les entreprises : d’une part, la hausse du prix des intrants et de la main d’œuvre pèse sur les marges de production et mais aussi l’inflation a aussi réduit la demande via la baisse de la consommation des ménages. Aussi, la hausse des taux d’intérêt limite le recours des entreprises au crédit, parfois par auto-censure. 

Actuellement, la part importante des liquidations et des PME-ETI dans les défauts suggère un impact économique des défaillances (en termes d’emplois notamment) aussi dégradé qu’en 2015-2016. 

En 2023, et probablement en 2024 également, les assignations par l’Urssaf des entreprises (plus souvent de petite taille) fragilisées par la crise covid et les entreprises vulnérables au choc d’inflation (hausse des coûts de l’énergie, baisse de la consommation des ménages, …) vont s’ajouter au nombre « naturel » de défaillances. Ainsi, le nombre de défaillances devrait donc s’inscrire en nette hausse (55 000 défaillances en 2023 puis 58 000 en 2024) sans revenir aux niveaux élevés post-crise financière (Cf. Conjoncture Entreprises – juillet 2023).