Chute des défaillances en 2020 mais un calendrier à haut risque en 2021

[9 décembre 2020] Les économistes de BPCE analysent les fragilités et la résilience des entreprises dans la crise Covid. Ainsi, le soutien massif apporté par l’Etat permet de limiter la dégradation financière des entreprises ou en reporte les effets.

Les entreprises françaises sont entrées dans cette crise d’une ampleur inédite avec une plus grande fragilité ex ante que leurs consœurs européennes aussi bien en termes d’endettement que de rentabilité économique. Cette crise est avant tout sectorielle avec un impact plus marqué sur les services aux particuliers, l’hébergement-restauration, la construction, les matériels de transport ou le commerce. Mais elle a aussi davantage affecté celles qui avaient privilégié une stratégie de croissance et les TPE, souvent plus vulnérables.

Néanmoins, le soutien massif apporté par l’Etat via les mesures d’urgence (activité partielle, fonds de solidarité, Prêts Garantis par l’Etat (PGE), reports de charges …) a permis de limiter l’impact des pertes d’activité sur leur situation financière. Ainsi, les PGE ont été massivement utilisés pour sécuriser les entreprises face au risque d’illiquidité : les 173 Md€ de dette brute supplémentaire accumulés depuis mars ont eu pour corollaire 174 Md€ de flux de placements additionnels pour leur trésorerie.

L’activisme de l’aide publique a aussi contribué à réduire considérablement les défaillances en 2020 : de 45 % selon les estimations des économistes du Groupe BPCE. En effet, le nombre de défaillances a atteint son plus bas niveau depuis 1991 : 28 000 défaillances auraient ainsi été évitées, toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire en référence à une situation où la récession n’aurait pas été accompagnée des mesures mises en œuvre. Est-ce un acquis définitif ou s’agira-t-il d’un simple report de ce différentiel de 28 000 procédures en 2021, voire en 2022 ? L’enjeu est d’autant plus déterminant que les disparitions sans accident judiciaire pourraient aussi se développer : devant le recul de près de 30 % des cessions, les dirigeants très âgés de PME (6 % ont plus de 70 ans) pourraient renoncer à chercher un repreneur et arrêter simplement leur activité.

Fondamentalement, les fragilités des entreprises, et donc l’ampleur des disparitions en 2021, dépendront du :

  • délai entre le tarissement des aides et la généralisation de la reprise économique ;
  • risque de tensions sur la trésorerie lors de la reprise avec le cumul de la montée du besoin en fonds de roulement et du remboursement des dettes et reports de charges ;
  • risque d’un impact trop tardif du plan de relance pour amplifier la reprise, réduire l’attentisme et orienter les anticipations des entreprises vers la croissance.