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[14 avril 2021] Les impacts de la crise sanitaire, un phénomène d’épargne de précaution renforcée qui tend à se maintenir et un attrait récent pour la Bourse : les économistes du Groupe BPCE livrent ici leur bilan de l'épargne des ménages en 2020, leurs prévisions pour l'année 2021 et leur analyse de la transformation de la population des actionnaires individuels.
Conjoncturellement en février et en mars 2021, on perçoit toujours une sensibilité très vive pour l’épargne en France. La crainte de la remontée du chômage y joue un rôle déterminant. L’activité économique et le comportement d’épargne demeurent entièrement guidés par l’incertitude sanitaire et les mesures de restriction à la mobilité. En 2020, les deux périodes de confinement, qui ont conduit à un effondrement de 8,2 % de l’économie réelle, ont provoqué une hausse impressionnante du taux d’épargne à 21,3 %, d’où un surplus d’épargne de l’ordre de 110 Md€ par rapport aux années antérieures.
L’essentiel de cette sur-épargne s’est orientée vers les placements financiers mesurés ici en termes de flux net d’argent placé, soit les souscriptions nettes des retraits hors intérêts capitalisés et hors plus-values boursières. Ces flux nets ont atteint environ 150 Md€ en 2020, soit un surcroît de placement de près de 100 Md€ par rapport à la moyenne 2018-2019. En 2020, les épargnants ont privilégié la liquidité et la sécurité, la collecte ayant été principalement tirée par les DAV (73,9 Md€) et, secondairement, par les livrets (61,3 Md€), au détriment de l’assurance-vie (-6,5 Md€), qui a connu la deuxième décollecte de son histoire après 2012 (-6,3 Md€). Les titres, dans une moindre mesure, ont bénéficié de flux positifs en contraste avec les retraits nets importants des années précédentes grâce à l’arrivée d’épargnants opportunistes, après le krach de mars.
Ces arbitrages s’expliquent par le contexte de taux d’intérêt anormalement bas et par la volonté de conserver un volant ultra-important d’épargne de précaution, du fait de la difficulté à se projeter dans l’avenir, face à l’absence de normalisation de la situation sanitaire et économique. Depuis le début de 2021, on constate un ralentissement de la sur-épargne notamment en février, qui tend à être de 5 Md€ par mois (soit 60 Md€ sur l’année), avec une plus grande prégnance des livrets, aux dépens des dépôts à vue, et un net redressement de l’assurance-vie.
En 2021, on devrait assister à un recul modéré des placements financiers, recul qui s’accentuerait surtout au second semestre, à mesure que les incertitudes sanitaires se lèveront en partie, en ligne avec un taux d’épargne annuel de 19,2 % mais progressivement en recul : 21,6 % au T1 2021, puis 20,6 % au T2, 18,0 % au T3 et 16,5 % au T4. Pouvoir d’achat en hausse modérée, maintien d’un endettement immobilier toujours élevé bien qu’en ralentissement, montée inexorable du chômage seraient les ingrédients principaux de ces placements pour motifs de précaution renforcée, en l’absence d’une franche amélioration de la confiance : 126 Md€ contre 150 Md€ en 2020, soit des excédents toujours records en comparaison d’une année 2019 à 71 Md€ qui était déjà exceptionnelle et d’un maximum à 80 Md€ en 2006. L’anticipation erronée en 2021 de payer davantage d’impôts, la propension à consommer plus faible des 20 % de personnes aisées qui sont responsables de 70 % de la sur-épargne, voire l’anticipation d’une inflation un peu plus forte limiteraient aussi la baisse du taux d’épargne et celle des placements financiers, en ligne avec la relative inertie du comportement d’épargne des ménages après un choc. Les arbitrages seraient toujours guidés par l’attentisme, la recherche de sécurité et de disponibilité mais avec le maintien relatif d’une forme d’opportunisme sur les actions. La prévision décrit un début de déplacement des arbitrages des DAV (58 Md€) au profit des livrets (56,9 Md€), voire de l’assurance-vie, dont la collecte redeviendrait positive (7,7 Md€) avec la moindre décollecte sur les produits euros (-11,5 Md€). Quant aux titres, leur collecte resterait très fortement positive à près de 10 Md€, un niveau élevé au regard du passé mais en retrait par rapport à la vague du printemps dernier. En effet, le niveau actuel et déjà élevé de la Bourse réduit les possibilités de gains faciles ou rapides, tout en pouvant faire craindre aux épargnants l’émergence d’une bulle action.
Entre 2009 et 2019, la proportion de Français détenteurs d’actions (via des OPC, ou en direct via le PEA ou un compte titres) a été divisée par 2 et les ménages ont opéré un désinvestissement net de l’ordre de 80 Md€ des actions cotées et des OPC non monétaires. Dans un contexte toujours marqué par une forte aversion au risque des ménages, l’image des actions s’est toutefois améliorée : 18 % des Français jugent que le moment est favorable pour faire des placements en bourse, 8 % d’entre eux disent avoir procédé à des achats d’actions depuis le début de la crise et 11 % disent envisager de le faire. Ce regain d’intérêt va de pair avec une forte sensibilité des Français à des placements alternatifs : 10 % d’entre eux disent avoir déjà investi dans l’un des quatre actifs suivants (bitcoin / cryptomonnaie, financement participatif, or, forêts) et 21 % envisagent de le faire.
Toutefois, ce retour vers les actions revêt des modalités différentes des pratiques traditionnelles en matière d’actionnariat individuel. Un exercice de typologie mené sur les détenteurs d’actions identifiés dans l’enquête Audirep – BPCE L’Observatoire met en évidence trois profils différents :
A ces trois groupes, s’ajoutent 6 % de Français qui, sans être déjà détenteurs d’actions, disent être intéressés par cette forme d’investissement. Ces quatre types d’investisseurs mettent en évidence trois tendances très caractéristiques :
Pour en savoir plus |
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Rendez-vous Epargne [avril 2021] DOCUMENT PDF |
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Tableau de bord Epargne [avril 2021] DOCUMENT PDF |
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