BPCE L'Observatoire

Les Rendez-vous Epargne et Immobilier du Groupe BPCE

Alain Tourdjman, directeur des Etudes économiques du Groupe BPCE, et Eric Buffandeau, directeur adjoint, ont présenté les perspectives en matière de placements financiers et d'immobilier résidentiel.

De l’épargne « forcée » à l’épargne de précaution

La période de confinement obligatoire pour des raisons uniquement sanitaires a conduit à un effondrement inédit et « administré » de l’économie réelle. Elle a provoqué en France une hausse ponctuelle et impressionnante du taux d’épargne et, en conséquence, des placements financiers des ménages au premier semestre, en raison d’une contraction sans précédent de la consommation (épargne forcée) et de la préservation du pouvoir d’achat par le mécanisme du chômage partiel. Mesurés en excédents (flux hors intérêts et capitalisation des intérêts), les placements financiers auraient atteint près de 39 Md€ supplémentaires par rapport à une période plus normale de mars à mai 2020. Ils ont principalement été tirés par les DAV et, dans une moindre mesure, par les livrets, au détriment de l’assurance-vie, qui a surtout pâti du recul des cotisations des fonds euros.

Cette épargne forcée se dégonflerait logiquement ensuite dès juillet avec le « déconfinement » graduel et un rebond des dépenses des particuliers, tout en restant encore élevée du fait de la montée du chômage, du maintien du sentiment d’incertitude sanitaire, d’un comportement induit d’attentisme, voire d’une prise de recul face à la manière de consommer. De plus, on constate habituellement une relative inertie du comportement d’épargne face à un choc « involontaire », une fois passé le rebond technique de la consommation. C’est ainsi qu’en 2021, le taux d’épargne (17,4% contre 22,2% en 2020) et les placements financiers (65,6 Md€, contre 89,4 Md€ en 2020) se réduiraient, le niveau atteint est cependant très haut au regard du passé. Cette respiration, contrecoup du passage d’une épargne forcée à une épargne de précaution, produirait des arbitrages toujours guidés par l’attentisme, la recherche de sécurité et de disponibilité au détriment du risque, du fait de taux d’intérêt anormalement bas. Toutefois, l’assurance-vie rebondirait pourtant en 2021 (remontée des produits € et résistance relative des UC) mais pour atteindre un niveau nettement inférieur à celui de 2019.

Immobilier résidentiel, la fin de l’exubérance ?

Les premières données en matière de logement permettent de prendre la mesure de l’impact de la crise. Si son image reste solide, il n’échappe pas à l’attentisme généralisé des ménages. La construction, comme les ventes dans l’ancien, a subi un choc majeur avec des pertes d’activité largement irrécouvrables et un retour à la normale improbable avant 2022. En revanche, dans un contexte de taux d’intérêt toujours historiquement bas (contrairement à 2009) atténuant le ralentissement du marché du crédit à l’habitat, les prix font preuve de résilience et ne devraient s’ajuster que de façon décalée et très partiellement à la chute des volumes à l’horizon 2021.