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Epargne & Placements : des comportements d’épargne réactivés par l’inflation

[Avril 2022] Le soutien public et de la reprise économique semblaient, après la crise sanitaire, orienter les ménages vers une normalisation de leurs arbitrages entre épargne et consommation mais aussi entre actifs financiers. La montée de l’inflation et le déclenchement du conflit en Ukraine ont largement changé la donne.

BPCE L'Observatoire

Epargne et inflation : trois postures des Français 

La poussée de l’inflation et son accélération au cours de ces derniers mois a très largement pesé sur les Français en réduisant immédiatement leur pouvoir d’achat mais aussi en les amenant à réviser leurs anticipations de niveau de vie futur. Ce contexte a tout d’abord réactivé les comportements d’épargne des Français. L’effort d’épargne consenti pour se prémunir et anticiper la détérioration future de sa situation économique se maintient ainsi à un niveau historiquement fort, à 88 %. Pour autant, une plus grande partie de la population, 16 %, se disent désormais dans l’incapacité à épargner. Pour une minorité de Français, la frustration liée à l’absence d’épargne s’ajoute à celle des renoncements aux rares formes de consommation « plaisir » qu’ils avaient sauvegardées. 

La deuxième posture consiste quant à elle à privilégier autant que possible une épargne de sécurité suffisante pour se protéger des aléas avec pour principaux choix les dépôts à vue et livrets réglementés. Maitre du jeu et au centre des placements, Le livret A brille toujours, moins par son taux que par l’ensemble de ses qualités : facilité, simplicité, préservation des ressources. L’immobilier reste également aux yeux des Français un placement favorable sur le long terme. La pierre reste le bien préféré des Français. 

64 % des Français
estiment plus intéressant investir dans l’immobilier que dans les placements financiers.

Enfin, une troisième posture émerge dans ce contexte plus inflationniste : la recherche de valorisation pour accéder à un rendement supérieur et éviter la perte de pouvoir d’achat de son patrimoine financier. Elle s’exprime d’abord par une moindre aversion au risque alors même que la conjoncture boursière n’est plus jugée aussi favorable que l’année précédente. Elle s’affiche ensuite par l’intérêt croissant des Français pour des actifs atypiques à l’image des cryptomonnaie, de l’or, des forêts et des financements participatifs avec des taux de détention en augmentation notamment chez les jeunes et les hauts patrimoines.   

Le bilan de 2021 et du début d’année 2022 

En 2021, les placements financiers des ménages ont encore enregistré des montants très importants d’environ 101,8 milliards d’euros, après 141 milliards en 2020. Les ménages ont ainsi préféré la liquidité et la sécurité, en allouant la quasi-totalité de leurs flux de placements aux dépôts à vue (49,1 Md€) et aux livrets (46,2 Md€). Cette épargne de précaution a été également réorientée en partie vers l’assurance-vie (23,7 Md€), grâce à une collecte exceptionnelle des unités de compte (34,7 Md€) et à une moindre décollecte des produits euros (-11 Md€).  

18,1 milliards d’euros
une collecte (hors titre) très importante de janvier à février 2022

Concernant 2022, le conflit russo-ukrainien accentue la résurgence de l’inflation par l’envolée des cours des matières premières et vient ainsi percuter dangereusement une conjoncture française qui était déjà en phase de ralentissement, après le rattrapage post-Covid. Le scénario tendanciel actuel accorde à la France pour 2022 une progression du PIB autour de 3 % (soit un impact négatif proche d’un point de PIB par rapport à une prévision antérieure de 4 %), avec une inflation moyenne supérieure à 4 % et une tendance à la remontée modeste des taux d’intérêt. Dans ce contexte, le taux d’épargne serait proche de 16,6 % en 2022, après 19,5 % en 2021 et 21,4 % en 2020. 

En 2022, les flux de placements financiers des ménages demeureraient encore marqués par un comportement d’épargne renforcée de précaution. Cependant, le recul prévisible du pouvoir d’achat, avec la flambée des prix, et le ralentissement attendu de la distribution de crédits immobiliers réduiraient les ressources disponibles pour des placements financiers. Les excédents de collecte pourraient se situer à 86,3 milliards d'euros en 2022, en retrait plutôt modeste, après les niveaux records atteints en 2020 de 141 milliards d'euros et en 2021 de 101,8 milliards d'euros.  

Cette respiration produirait des arbitrages toujours guidés par l’attentisme, la recherche de sécurité et de disponibilité au détriment du risque, du fait de taux d’intérêt considérés comme étant toujours anormalement bas et de l’amplification de la volatilité boursière. Compte tenu de l’impact de la hausse du taux du livret A à 1%, on assisterait à un déplacement relatif des DAV (34,4 Md€), de l’assurance-vie (17,7 Md€) et des CAT (-3,5 milliards d'euros) au profit des livrets (53,4 Md€). L’assurance-vie en UC (+33,9 Md€, contre +34,7 Md€ en 2021 et +23 Md€ en 2020) prolongerait son développement, à nouveau au détriment des produits euros. 

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