Situation économique des entreprises françaises : quelles évolutions et perspectives ?

[Août 2023] Nos économistes, Alain Tourdjman et Julien Laugier, ont analysé la situation et le comportement des entreprises françaises face aux changements récents de l’environnement économique et financier.

Un contexte économique tendu mais soutenable pour les entreprises 

Les entreprises françaises ont dans l’ensemble réussi à préserver leurs marges dans un environnement économique dégradé (hausse des coûts de production, demande interne en recul,…) dont les effets sont en partie limités par les aides publiques. L’investissement des entreprises devrait reculer sensiblement tout en restant à des niveaux historiquement élevés. Dans ce contexte global de dégradation relative, les disparités sectorielles se sont toutefois accentuées et les TPE et PME anticipent une dégradation de leur activité et de leur trésorerie. Mais la solidité financière des PME suggère une meilleure résilience aux difficultés actuelles que lors de l’après-crise financière. 

Les défaillances : un enjeu de taille ! 

La situation anormale d’un nombre de défaillances historiquement bas est désormais révolue. Avec 48 700 défaillances en cumul annuel à fin juin 2023, une forme de normalisation des défaillances s’installe sans manifestation d’un « mur des faillites », ni prolongement de « l’exception Covid ». Le nombre de défaillances devrait donc s’inscrire en nette hausse (55 000 défaillances en 2023 puis 58 000 en 2024) sans revenir aux niveaux élevés post-crise financière. Toutefois, le rythme des défauts est plus soutenu pour les entreprises employeuses, en particulier les TPE et les PE, et plus récemment les entreprises moyennes et les ETI.

Les placements et le financement des entreprises chamboulés 

Le coût du crédit aux PME est en nette hausse depuis un an et les effets du resserrement du crédit sont sensibles depuis un semestre. Malgré tout, la dette bancaire reste très dynamique en 2022 (+91 Md€ à 1 332 Md€) mais cette tendance devrait s’infléchir (difficultés conjoncturelles, repli de l’investissement et remboursement des PGE). L’encours des crédits d’investissement devrait progresser au même rythme que l’inflation au cours des deux prochaines années alors que l’encours de crédits de trésorerie devrait reculer en 2023 et se stabiliser en 2024.

Côté placements, la réduction du recours au crédit, le remboursement de la « dette covid » et la baisse des marges devraient continuer à peser sur les trésoreries avec un recul des encours bancaires d’environ 45 milliards d’euros en 2023 et 5 milliards d’euros en 2024. Au-delà du volume global de la trésorerie, la hausse des taux a induit des changements d’arbitrages majeurs entre les différents supports de placements : l’encours de dépôts à vue reculerait de 22 % par rapport à fin 2021, et l’encours de dépôts à terme doublerait en deux ans. Les OPC et les titres de créances, renoueraient avec la hausse.