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Gaëtan Charlot

Gaëtan Charlot, para-escrime : "L’escrime est un duel dans lequel il faut trouver des solutions techniques et tactiques …"

Gaëtan Charlot, est un épéiste handisport soutenu par BPCE. Il mène sa carrière sportive de haut niveau tout en poursuivant des études d’ingénieurs à l’INSA Lyon. Un double projet qui contribue à son équilibre. Portrait.

Comment êtes-vous venu à l’escrime ?

J’ai commencé très jeune, à 7 ans. J’étais en rééducation et au regard de mon handicap, les médecins m’ont conseillé de pratiquer du sport. Je suis depuis la naissance diplégique spastique. Il s’agit d’une malformation neurologique qui provoque une déconnexion de mes membres inférieurs. Mes muscles font un peu ce qu’ils veulent, ce qui fait que je ne contrôle pas toujours mes jambes et cela m’empêche de marcher. Les médecins m’ont donc conseillé de faire une activité physique. Et cela pouvait aussi contribuer à ce que je comprenne mon corps. J’aimais beaucoup le basket mais il n’y avait pas de club pour enfant dans ma région, en revanche il y avait un club d’escrime. J’ai essayé et j’ai continué...

Vous avez commencé par quelle arme ?

J’ai été formé au fleuret puis je suis passé à l’épée.

Qu’est-ce qui vous a fait accrocher à l’escrime ?

Ce que j’aime dans ce sport c’est qu’il est très complet, il permet de travailler à la fois le corps et l’esprit. C’est physique mais aussi technique, il faut manier une arme et être précis. Et enfin, il y a un aspect tactique qui me plait beaucoup aussi. C’est un combat, un duel dans lequel il faut trouver des solutions, la faille de l’adversaire, l’amener là où on veut qu’il aille pour le toucher ensuite… Il faut combiner tout ça. Car, si vous voyez la solution mais vous ne parvenez pas à la réaliser techniquement, vous ne marquez pas la touche. Et de même, si vous êtes fort techniquement mais vous ne dégagez pas de solution tactique vous ne marquez pas non plus…

Il faut rentrer dans le cerveau de l’adversaire, lui tendre des pièges et ne pas tomber dans les siens… C’est une confrontation de deux esprits…

Absolument ! Et c’est ce que j’aime. Le sport en tant que performance pure ne m’intéresse pas. Tous les sports de chrono, de distance, de lancer ne m’attirent pas. En revanche, le sport d’opposition m’intéresse, le fait de dominer l’autre dans toutes les dimensions possibles… le dépasser physiquement, tactiquement, techniquement… Il faut se surpasser pour dépasser l’autre.

C’est le paradoxe de l’escrime, il faut vouloir « transpercer » l’autre tout en le respectant…

C’est ça, sur la piste il n’y a pas d’amis qui tiennent mais dès que l’assaut est terminé, on redevient copains. Comme du reste dans tous les sports de combat.

Vous avez donc progressé jusqu’à intégrer l’équipe de France. Et parallèlement vous avez mené un double projet…

J’ai intégré l’Equipe de France en 2018 que je n’ai pas quittée depuis. En parallèle, j’ai intégré l’école d’ingénieur l’INSA Lyon. Je termine actuellement ma cinquième et dernière année avec comme spécialisation le génie industriel.

Pourquoi cette spécialité ?

C’est une formation très ouverte, qui offre de larges possibilités dans la mesure où nous sommes formés pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent. Il faut comprendre un fonctionnement d’ensemble pour ensuite répondre au problème posé. Un peu comme en escrime…

L’INSA est une école pionnière pour avoir accueilli des doubles projets et surtout les sportifs de haut niveau… Pouvez-vous expliquer comment se passe la scolarité pour un sportif de haut niveau ?

Il y a différentes possibilités de double projet : l’art, la musique, le théâtre… Les sportifs de haut niveau sont dans une structure à part avec des rythmes différents. Par exemple, la prépa intégrée se déroule normalement en deux ans. Nous avons la possibilité de la faire en trois ans. Chaque promo de sportifs compte 27 ou 28 élèves… Les enseignants sont au courant de notre projet sportif et nous aident en cela. Chacun a des sports différents, des problématiques différentes, des contraintes différentes…C’est donc très riche d’être ensemble, on apprend de tout le monde.

Que vous apporte de mener un double projet ?

Pour moi, c’est une chance de mener ces deux projets en parallèle. J’ai besoin d’un dérivatif, de faire plusieurs choses. Mes copains étudiants de l’INSA consacrent leur temps à leurs études. Moi j’ai du mal à faire une seule chose. Sportivement parlant, apprendre à réfléchir, à penser vite… cela m’est très utile. Et inversement, mes compétences dans le sport, l’abnégation, l’exigence, la capacité de travail du sportif de haut niveau m’aident pour mes études. Les compétences sont transverses. Et puis, je suis conscient qu’une carrière sportive ne dure qu’un temps, avoir mon diplôme d’ingénieur donne de la sérénité pour la suite. Enfin, les interactions humaines très fortes que l’on rencontre dans le sport me serviront aussi dans mon travail.

Dans cet emploi du temps chargé, vous veillez au sommeil, à la nutrition… ?

Oui dans mon projet sportif, il y a toute une équipe avec moi. Un entraineur fédéral, un entraîneur de club, un préparateur physique, mental, nutrition… Il y a aussi l’équipe pédagogique de mon école, profs, maître de stage… et puis mes partenaires comme BPCE… qui font aussi partie de l’équipe. Car ils me soutiennent dans ce double projet de sportif et d’ingénieur. Derrière un sportif, il y a beaucoup de monde.

Ça vous engage d’avoir tout ce monde derrière vous ?

Bien sûr, c’est une responsabilité mais c’est surtout porteur, ça motive. Ça met un peu de pression car on veut bien faire pour ces gens qui nous soutiennent. Je dirais que c’est une pression positive qui est bénéfique.

Quel est votre plus grand souvenir sportif ?

C’est la finale des championnats du monde par équipe en Corée du Sud, en 2019. Mais aussi, comme souvenir marquant, il y a eu ma première médaille, c’était aux championnats de France en 2016. Cela a orienté mon choix de carrière… 

Et le sportif qui vous a marqué ?

Plus qu’un sportif, c’est une image qui me vient en tête. J’avais 12 ans et je participais à ma première compétition qui était organisée dans le cadre d’une compétition internationale à Villemomble. Le tenant du titre et favori de l’épreuve, le polonais Dariusz PENDER avait son immense photo dressée au-dessus de nos têtes, portrait suspendu au plafond du gymnase. Ce symbole le rendait inaccessible tant au sens propre que figuré et je le regardais en rêvant, n’imaginant pas que quelques années plus tard, je serais capable de le battre en coupe du monde, ce que j’ai pourtant réussi. C’est aussi pour cela qu’on fait du sport de compétition : pour que nos rêves deviennent réalité.

Quel conseil vous donneriez à une personne en situation de handicap et qui souhaiterait faire une carrière dans le sport ?

Je dirais qu’il faut oser. Le handicap est clairement une difficulté en plus. Mais tous les sports aujourd’hui s’adaptent au handisport et donc il faut oser franchir la porte d’un club et tenter. Et si on n’y arrive pas, on peut s’adapter, trouver des solutions, persévérer…

Qu’est-ce que représentent les Jeux à Paris dans votre carrière ?

Aujourd’hui, c’est l’objectif des deux saisons à venir, m’entrainer au maximum pour rapporter la médaille à la maison devant les personnes qui me soutiennent. C’est un honneur. Mais cela restera une étape car je suis encore jeune, je pourrai faire d’autres olympiades. Et, j’ai des objectifs à plus court terme comme être dans le TOP 8 mondial même si on garde l’objectif de Paris dans le viseur. C’est une motivation supplémentaire qui me porte à aller plus loin chaque jour.

La chose à laquelle vous pensez quand vous êtes dans le doute ?

Pourquoi je fais ça. J’aime bien fonctionner par objectif. Si ça ne va pas, je me dis pourquoi je travaille autant ? C’est pour arriver là. Pourquoi ça ne marche pas et que faire pour y arriver. Comme dans mes démarches d’ingénieur aujourd’hui. Comprendre le problème…

Quel est votre point fort ?

Ma conduite de point et ma puissance physique.

Une valeur qui vous est chère dans le sport ?

L’abnégation.

Vous avez une autre passion ?

A mes heures perdues, je fais de la magie. J’ai travaillé mes tours de magie au lycée et j’entretiens ça.

Le soutien de votre partenaire qu’est BPCE est-il un atout supplémentaire ?

Très clairement. C’est évidemment un soutien financier qui m’aide beaucoup pour ma carrière sportive. Mais au-delà, le fait d’être suivi, c’est un soutien moral dans les compétitions. Et enfin, c’est un accompagnement dans la durée pour m’aider à voir les différents métiers qui existent dans le domaine de l’informatique dans la banque. BPCE soutient mon projet dans son ensemble qui est, comme on l’a vu, un projet collectif. C’est donc quelque part une histoire commune qui me porte. 

 

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