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Mardi 9 août 2022
A 41 ans, Adib, soutenu par la Banque Populaire Val de France, est 8 fois champion de France de para-dressage, et vise encore plus haut. Il nous raconte…
Adib El Sarakby est hémiplégique du côté droit lié à une complication à la naissance avec des séquelles persistantes. Il vient d’acquérir un cheval de haut niveau, Life is good, avec lequel il a l’objectif de se qualifier pour les championnats d’Europe l’année prochaine avant de viser la grande échéance des Jeux Paralympiques de Paris 2024.
Quand et comment avez-vous débuté l’équitation ?
Ma mère était cavalière, j’allais avec elle dans les écuries, elle m’a mis sur le dos du cheval en couches culottes. J’ai commencé la compétition vers l’âge de douze ans. Je pratiquais alors le saut d’obstacles et j’ai par la suite effectué une formation de moniteur. J’ai réalisé mon alternance dans une écurie de dressage, c’est ainsi que j’ai débuté cette discipline, je disputais les compétitions avec les valides… C’est mon tuteur d’apprentissage qui a eu connaissance du para-dressage et qui m’a orienté vers cette voie. C’est ainsi que l’aventure a commencé et j’ai pris part à mes premiers championnats de France de para-dressage en 2005.
Quel impact le sport a-t-il sur votre vie personnelle ?
Dans la perspective des Jeux Paralympiques de Paris 2024, j’ai demandé à mon employeur de passer à mi-temps car je ne vis pas de ma passion. Je dois travailler. Je suis hôte d’accueil pour une grande entreprise de cosmétique de luxe. Si bien que ce projet a directement impacté ma vie personnelle.
Comment s’est passée cette transition vers le haut niveau ?
J’ai connu ma première sélection en équipe de France lors des championnats du monde en 2007. J’avais disputé mes premiers championnats de France en 2005 à 24 ans. On peut être athlète assez tard en équitation… A l’époque, c’était de l’équitation handisport maintenant on appelle cette discipline le para-dressage.
Votre souvenir sportif marquant ?
C’est particulier parce que mon souvenir le plus marquant c’est une réflexion d’une personne que je ne connaissais pas et que j’ai rencontrée lors d’une soirée. Elle m’a demandé pourquoi je me mettais en danger pour pratiquer un sport. Pour elle, un handicapé n’avait pas sa place dans une enceinte sportive.
J’ai compris dans sa façon de le dire qu’elle avait peur pour moi, ce n’était pas forcément de l’intolérance c’était de l’ignorance… Mais cette question m’a interpelé. Et m’a renforcé dans mon engagement. D’ailleurs, j’ai invité un jour cette personne à venir assister à un entraînement et ça l’a stupéfaite de voir ce que l’on pouvait faire en tant qu’athlète handisport…
Votre champion culte ?
Pour moi c’est Teddy Riner. Il atteint l’excellence dans sa performance, dans son judo et dans sa manière d’être auprès des gens… Il a mis une équipe en place autour de lui…. C’est ma vision du haut niveau… Le devoir d’être exemplaire, de représenter une nation… Apporter le maximum de positivité…
Qu’est-ce qui vous plait dans votre discipline et pourquoi est-elle singulière ?
Notre discipline est considérée comme une discipline individuelle, j’essaye de démontrer au travers des interventions que je réalise dans les écoles de mon département, que ce n’est pas le cas. Car on a un partenaire, le cheval, qui est essentiel dans notre préparation. La relation cavalier-cheval est fondamentale. On forme un couple. On a la responsabilité de l’animal et de son bien-être. Cette complicité contribue pour beaucoup à la performance.
D’autant plus en para-dressage où le cheval doit faire preuve d’une capacité d’adaptation particulière du handicap du cavalier…Or tous les chevaux ne sont pas dans la capacité d’accepter le handicap…
À quoi pensez-vous lorsque vous êtes dans le doute ?
C’est un sport où l’on se remet en question tous les jours. D’abord parce que l’on travaille avec un animal qui est comme nous, un jour ça va, un autre ça va moins bien. Notre rôle est de rassurer le cheval. De l’accompagner. Car on ne peut forcer un cheval qui pèse 600 kilos. C’est une relation de confiance, on n’est pas sur un vélo mais sur un être vivant… ce qui fait la magie de ce sport… Le cheval fait partie entièrement de notre prestation… ce qui induit beaucoup d’humilité…Surtout qu’en para-dressage on ne peut financer qu’un cheval donc c’est vraiment notre bébé…
Votre point fort ?
Mon point fort c’est ma sensibilité…C’est aussi mon point faible…
Quelle est une journée type pour vous ?
Ma journée type est très monotone. Je m’entraîne du lundi au dimanche. Je travaille de 8 h à 12h. Ensuite je rentre chez moi. J’habite à la campagne à côté d’Orléans. J’enfile alors un short une paire de basket… et je pars pour 45 minutes de cardio ou de renforcement musculaire. A 13h30 je déjeune. C’est assez léger, en général une salade. Je m’accorde alors une pause d’une demi-heure durant laquelle j’essaye de faire le vide… Puis vers 14h30 je rejoins mon site d’entraînement. J’ai une demi-heure de route. Je retrouve mes coachs (coach équestre : Elodie Lambolez, coach mental : Guillaume Leroy) et mon cheval… On travaille une heure trente… De 16h30 à 17h30 on débriefe la séance et je fais les soins du cheval… Enfin, je pars à la piscine municipale. J’y arrive vers 18h. Je fais 1h de natation et à 20h je rentre enfin chez moi… Cela fait de bonnes journées… C’est mon programme type du lundi au vendredi. Le samedi je ne travaille pas mais je fais la même chose sans la natation. Et le dimanche, je ne fais pas la séance d’équitation.
Comment vous imaginez-vous dans vingt ans ?
J’aimerais transmettre mon savoir. C’est essentiel pour moi, partager mon savoir à des jeunes athlètes…
Qu’est-ce que représentent les Jeux Paralympiques de Paris 2024 dans votre carrière ?
Ça va être magique… Je n’arrive pas à le définir car je reste focalisé sur mes prestations et mon travail de tous les jours pour ne pas m’envoler de trop… Le premier objectif consiste à me qualifier pour les Jeux et ensuite la médaille… Mais je sais que cela va être magique.
Comment se prépare-t-on aux Jeux Paralympiques ? Est-ce réellement un évènement particulier par rapport aux autres compétitions ?
Absolument. Je me suis professionnalisé pour préparer spécifiquement ces Jeux. Je n’aurais pas cet emploi du temps si ce n’était pas pour préparer les Jeux de Paris 2024… Là, on est à la fois proche et loin du but. La magie est déjà là, on est impatient mais il reste encore deux ans.
On travaille deux fois plus que la normale. Ça va être un truc de dingue, grandiose… Je fais des sacrifices que je n’aurais pas fait autrement. Enfin, sacrifice n’est pas le bon mot… Mon cheval aussi sent qu’il y a quelque chose de particulier car il y a un monde professionnel particulier qui l’entoure … Il dispose d’un masseur équin, d’un ostéopathe équin, un des meilleurs vétérinaire nationaux… En revanche on ne change pas ses habitudes…
Si vous deviez retenir une valeur qui vous est chère dans le sport ?
Le partage et l’échange…
Avez-vous une autre passion ?
J’ai une femme merveilleuse… c’est elle mon autre passion.
En quoi le soutien de votre partenaire la Banque Populaire Val de France est-il important dans votre vie de sportif de haut niveau ?
En fait, j’étais déjà baigné dans l’univers Banque Populaire car j’ai eu la chance d’avoir été sélectionné et accompagné par la Fondation Banque Populaire dans le cadre de son programme de soutien aux personnes en situation de handicap qui ont un projet sportif de haut-niveau.
Et dorénavant, je suis déjà très fier de représenter mon mécène Banque Populaire Val de France, ses valeurs à travers ma discipline, le para-dressage, et le haut niveau.
Cela me permet de me professionnaliser dans un sport amateur. Grâce à cette aide, j’ai la possibilité de vivre de mon sport dans la perspective de réaliser une performance. Cela ne serait pas le cas autrement d’autant que le sport équestre est un sport onéreux… Demain mes partenaires me lâchent… Tout s’arrête.
L’objectif reste la sélection en équipe de France avec, à la clé, une ou plusieurs médailles aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.