« Endettement COVID » des entreprises

Jeudi 10 septembre 2020

Réalisée par les économistes du Groupe BPCE, cette analyse détaille la structure et l’évolution de l’endettement des entreprises depuis le mois de mars 2020.

  • L’endettement des entreprises a connu une hausse exceptionnelle de 152 Md€ entre début mars et fin juin, dont 50 Md€ de PGE (prêts garantis par l’Etat) mobilisés par les entreprises. La chronique et la structure de cet « endettement COVID » diffèrent nettement entre les TPE-PME d’un côté et les ETI-grandes entreprises (GE) de l’autre.
    En mars, dans un contexte d’incertitude et de fortes tensions sur le marché des titres, les ETI et GE ont sollicité pour 27 Md€ de crédits bancaires de trésorerie (non PGE). En avril-mai, les TPE et PME ont largement utilisé les PGE ainsi que les différés de remboursement pour 6 mois. Du côté des ETI et des GE, elles sont retournées sur le marché des titres de créances dès le mois d’avril, bénéficiant de meilleures conditions de financement. En juin, le redémarrage progressif de l’activité a notamment induit une forte baisse des demandes de PGE.
  • A ce stade, « les crédits ont massivement fait les dépôts » (notamment les dépôts à vue) puisque l’endettement net (dette – placement) n’a progressé que de 8 Md€ (sur les 152 Md€ d’endettement nouveau). Il est à noter qu’une large part des PGE accordés restait à fin juin encore à mobiliser :  les entreprises auraient décaissé environ 50 Md€ sur les 106 Md€ de PGE accordés à fin juin (soit environ 47 %, estimation BPCE) et 1 PME sur 3 ayant souscrit un PGE déclare ne pas l’avoir utilisé et 26 % n’en ont dépensé qu’une minorité (Enquête BPI).
    Mais cet endettement net devrait augmenter fortement d’ici à la fin 2020 avec le recul attendu des placements (tarissement des aides d’Etat, redressement trop lent de l’activité, fin des différés de remboursement de crédit), auquel s’ajoutera la mobilisation du solde des PGE. 
  • L’endettement constitue un sujet de préoccupation majeur pour de nombreuses TPE et PME afin d’éviter une dérive significative du bilan, comme le montre l’enquête Crédoc-BPCE. Dans ce cadre, la moitié des TPE-PME sondées accepterait de bénéficier d’un apport en capital minoritaire et temporaire. Les fonds soutenus par une banque coopérative régionale seraient sollicités par 19 % des entreprises sondées vs 30 % pour les fonds d’investissements (para-)publics, et 29 % pour les fonds d’investissement régionaux soutenus par des acteurs publics et/ou privés.