Evita Muzic, cycliste : « Mon sport me procure un sentiment de liberté… »

Jeudi 28 juillet 2022

Depuis ses 5 ans, Evita, soutenue par la Caisse d’Epargne Bourgogne Franche-Comté, consacre sa vie à son sport. Elle nous raconte.

Évita Muzic, est originaire de Franche-Comté où elle a commencé le cyclisme très jeune. Elle battait les garçons de son âge avant de remporter ensuite les titres de championne de France de toutes les catégories jusqu’au titre de championne de France Elite en 2021. A 23 ans, elle prend part à son premier Tour de France au sein de l’équipe FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope. 

Quel impact le sport a-t-il sur votre vie personnelle ? 
C’est ma vie en totalité, mon métier. Tout tourne autour de ça dans mon existence, je m’y investis à 100%.

Comment s’est passée cette transition vers le haut niveau ?
Ça s’est fait progressivement. Depuis toute petite, je gagnais devant les garçons, puis les filles. J’ai commencé les compétitions à l’âge de 5 ans, chez moi en Franche Comté. Et je n’ai jamais cessé, je cours tous les week-ends depuis. J’ai ensuite intégré un sports études à Besançon, puis un pôle espoirs. J’ai réussi à devenir championne de France dans toutes les catégories, j’ai donc eu une progression régulière et linéaire. Je suis passée pro à 17 ans à la sortie de la catégorie juniors. Depuis deux ans, l’UCI* a imposé aux équipes un salaire minimum obligatoire qui nous permet ainsi de vivre de notre sport. Ce salaire évolue chaque année avec pour objectif d’atteindre le même salaire que celui des hommes.

Votre souvenir sportif marquant ?
Mon souvenir sportif le plus marquant est ma victoire d’étape dans le Giro en 2020. Car c’était ma première victoire internationale et je ne m’y attendais pas du tout. C’était irréel mais ça m’a donné confiance en moi. Je me dis que je peux le refaire.

Votre champion, championne culte ?
C’est Marianne Vos. Elle dispose du plus grand palmarès du cyclisme féminin. Elle a pratiqué et gagné dans plusieurs disciplines, elle est double championne olympique sur route, huit fois championne du monde de cyclo-cross or, moi aussi j’ai fait du cyclo-cross, elle est aussi championne du monde sur piste… C’est un modèle… Même si c’est une sprinteuse alors que je suis une grimpeuse… 

Qu’est-ce qui vous plait dans votre discipline et pourquoi est-elle singulière ? 
Ce qui me plait c’est que le vélo est une activité d’extérieur. Même si on s’entraine dur, c’est parmi plein de paysages différents. Ça permet de s’évader, cela délivre un sentiment de liberté.

A quoi pensez-vous lorsque vous êtes dans le doute ?
Je pense à des victoires importantes que j’ai remportées notamment mon titre de championne de France l’an passé. Parce que j’étais en difficulté, j’ai failli baisser les bras et puis je me suis ressaisie et j’ai fini par gagner. Ça été une leçon pour moi : on peut gagner une course même si on ne se sent pas la plus forte !

Votre point fort ? 
La montagne….  La moyenne et la haute montagne. J’aime bien les montées courtes et raides. Je suis rapide sur ce genre de final…

Quelle est une journée type pour vous ? 
D’abord je fais une bonne nuit. Je suis une grosse dormeuse. Je me lève à 9h et encore je mets un réveil… Ensuite je prends un gros petit déjeuner. Au menu : omelette, jambon, bol de flocon d’avoine avec lait végétal, tartine de pain complet avec purée d’amande et un petit fruit. Ensuite je me laisse un peu de temps pour digérer. (Les jours de course je « petit-déjeune » 3 heures avant le départ.). Je pars ensuite pour l’entrainement vers 10h et je rentre environ vers 14h. Je prends une douche et ensuite je fais un vrai repas ou une collation selon l’heure de mon retour. Puis c’est le temps de la récupération. Je peux faire une petite sieste, je fais aussi de l’électrostimulation, j’ai aussi des bottes de pressothérapie… Enfin, je me prépare le repas du soir avec des glucides comme du blé, du quinoa, des pâtes, du riz… mais aussi des légumes et des protéines. 

Comment vous imaginez-vous dans vingt ans ?
J’aurais arrêté ma carrière, je verrai les opportunités qui se présenteront et comment ma carrière aura évolué… Mais ce sera très certainement auprès des enfants…

Que représentent les Jeux Olympiques de Paris 2024 dans votre carrière ? 
Je rêverais d’y participer. Après il faudrait que je sois sélectionnée et cela dépendra du parcours. Or, l’épreuve se déroulera vers Paris donc ce ne sera pas un parcours escarpé, pas très dur et moi qui suis grimpeuse… Mais j’aimerais disputer des Jeux Olympiques dans ma carrière.

Vous disputez votre premier Tour de France. Que représente le retour de cette épreuve pour le cyclisme féminin ?
Ça fait un long moment qu’on attendait ça. C’est un grand pas en avant. On va avoir le public au bord des routes comme les garçons, on espère le même engouement… 

Quel est votre objectif personnel ?
Je ne suis pas leader de notre équipe, je suis plutôt garde du corps de nos deux leaders. Je vais devoir mettre la pression sur les adversaires et être en soutien des leaders. Et si des opportunités se présentent, je les saisirai. Ce sera difficile de chercher le maillot à pois car, compte tenu de la configuration du Tour avec la montagne à la fin, ce maillot devrait revenir aux leaders du classement général.

Si vous deviez retenir une valeur qui vous est chère dans le sport ? 
La solidarité. Aux yeux du grand public, c’est le vainqueur qui est mis en avant dans le cyclisme mais c’est un sport vraiment collectif. C’est peut-être dommage d’ailleurs que l’on remette le maillot jaune seulement au premier et pas aussi à ses équipiers. Au handball par exemple et dans les autres sports collectifs, toute l’équipe reçoit la médaille. 

Avez-vous une autre passion ?
Le cyclisme me mange presque tout mon temps. Mais j’aime aller marcher, voyager mais c’est compliqué….

En quoi le soutien de votre partenaire la Caisse d’Epargne Bourgogne Franche-Comté est-il important dans votre vie de sportive de haut niveau ?
On ne se rend pas compte mais la vie des sportifs ça coûte cher. L’hiver, il nous faut aller effectuer des stages où il fait bon, il nous faut acheter du matériel de récupération, c’est un investissement… Car on est encore loin des salaires des garçons et de leur prise en charge. Chez les filles, il y a des choses que l’on doit se payer et on peut le faire que grâce à nos partenaires qui nous permettent ainsi de faire les choses à 100 %….

*L’Union cycliste internationale

Photo : Thomas_Maheux
 

“La même flamme nous anime