Romain Valadier-Picard : « Le judo, un sport de respect et d’entraide »

Mardi 26 septembre 2023

Romain Valadier-Picard, soutenu par DNCA Finance, a remporté à Bakou une nouvelle médaille dans un Grand Slam. Champion d’Europe junior, il espère disputer les Jeux Olympiques de Paris 2024. Rencontre.

À 21 ans, Romain Valadier-Picard, soutenu par DNCA Finance, affilié de Natixis Investment Managers, figure comme l’un des grands espoirs du judo français, mais sa catégorie, les moins de 60 kilos, est très concurrentielle.  

Vous rentrez de Bakou (Azerbaïdjan) où vous avez remporté une médaille en Grand Slam - le bronze - en battant notamment trois champions du monde. Cela montre que vous performez désormais de manière régulière à haut niveau, c’est une satisfaction ? 

C’est bien évidemment une satisfaction car cela signifie que j’ai passé un cap, je bats des gars qui sont champions du monde mais il me reste beaucoup de travail, car j’ai gagné des combats mais pas de la meilleure des façons (par Shido, avertissements à l’adversaire), je préfère gagner en faisant tomber mon adversaire. 

C’est une étape de plus dans votre jeune carrière ? 

Oui, j’ai pris de l’expérience, j’ai passé des étapes, c’est satisfaisant… Ça montre le chemin mais il est encore long. Les championnats d’Europe auront lieu début novembre à Montpellier. Ce sera un rendez-vous très important, certainement primordial pour la sélection olympique. 

Comment êtes-vous venu au judo ?  

Je pratiquais le tennis à Vincennes quand j’étais jeune puis nous avons déménagé à Boulogne Billancourt. Il n’y avait plus de place au Tennis club de Boulogne, or ma mère tenait absolument à ce que je fasse du sport alors elle m’a inscrit au judo… Je me suis fait de bons copains au club, j’aimais bien gagner, c’est comme ça que j’ai continué. Mais pas dans l’optique de faire du sport du haut niveau. Ce n’était pas le projet. 

Vous avez continué les études parallèlement à votre carrière ? 

J’étais plutôt bon en classe et ma mère ne voulait pas du tout que j’arrête l’école. J’ai intégré un sport études à Boulogne où j’ai eu mon Bac S, mention très bien. Après le lycée, il y a eu la Covid et je suis rentré à l’INSEP… Là, j’ai intégré une école d’ingénieur post bac, l’ESILV. J’ai effectué mes trois premières années d’école en cursus normal. Ma 4e année de spécialisation en biotech, je la dédouble dans la perspective de me qualifier pour Paris 2024.

Vous parvenez à mener les deux de front ?  

Ce n’est pas facile de tout mener de front. Mon école me permet de suivre tous les cours en replay car ils sont tous filmés…  

Comment se déroule une journée type ? 

Je travaille mes cours de 8h à 10h. À 10h, je me rends à l’entraînement jusqu’à 13h/ 13h30. Je déjeune soit à l’INSEP soit chez moi. Je bosse de 14h à 16h30 et ensuite je vais à mon 2e entraînement, ce qui me fait des journées bien remplies. Je n’arrête pas une seule minute, mais ça me fait du bien d’avoir autre chose que le sport. Et puis c’est rassurant d’avoir une porte de sortie après le judo. La vie n’est pas que le sport. Or quand on pratique le sport de haut niveau, on est enfermé dans une bulle, faire des études permet de se confronter à la vraie vie. 

Vous vous faites à manger or vous êtes dans un sport à catégories de poids donc vous devez surveiller votre poids. Comment gérez-vous cela ? Vous avez un nutritionniste ? 

Non, je gère ça moi-même. Ce n’est pas si compliqué de manger équilibré et ça coûte moins cher que de manger de la « malbouffe ». Le soir, pas de glucides et à midi je me fais des pâtes, du poulet sans graisse… Ce n’est pas une contrainte, ça prend juste un peu de temps notamment les courses, mais ma mère m’aide, elle me fait le plein du frigo…  

Cette maman a l’air d’avoir eu un rôle important dans votre parcours… 

Heureusement qu’elle est là. Elle est très importante dans le processus. C’est elle qui m’a toujours aidé et c’est grâce à elle si je peux mener à bien mes deux projets. Elle a sa part dans ma réussite. 

Votre souvenir sportif marquant ? 

Mes deux souvenirs majeurs sont pour le premier ma médaille aux championnats d’Europe juniors… J’étais fier de moi, ce qui m’arrive rarement. Et le deuxième, c’est ma médaille à Paris en Grand Slam (2021), et chez les seniors ! Il y avait en plus mon père dans les gradins, ce qui est rare…
 
Votre champion culte, inspirant ? 

Il n’y a personne de particulier qui m’inspire, je prends un peu partout, je m’en tiens à ma ligne de conduite. « Hard work always pays off… » (Le travail paye toujours en retour).  

Quel est votre point fort ? 

Dans la vie comme dans le judo, je suis très travailleur. Je ne lâche jamais rien, je suis très déterminé, je ne veux pas juste les choses, je fais en sorte qu’elles arrivent. En judo, je suis super rigoureux. Durant un combat, j’ai une ligne de conduite et peu importe ce qui se passe, je m’y tiens, j’impose mon judo et je ne m’adapte pas à l’autre. 

Quand vous êtes dans le doute ? 

Pendant longtemps, c’était difficile de me dire que je n’allais pas y arriver. J’essaie de ne pas douter, car le doute entraîne le doute… Plus récemment, j’ai pris un peu de distance par rapport au judo. Si je perds une compétition, les miens seront toujours là, la vie continue… Le judo est une part de ma vie, mais ce n’est pas toute ma vie. C’est paradoxal quand on fait toute sa vie autour du judo, deux entraînements par jour, etc. Mais il faut relativiser même si on y consacre sa vie. 

Comment vous imaginez vous dans vingt ans ? 

J’aurai toujours un œil sur le judo mais mon rêve c’est de travailler dans la recherche, dans le développement lié au sport et au corps humain, les nouvelles technologies pour aider les malades. Ce serait une super opportunité pour moi. Un autre rêve que d’être champion olympique. 

Qu’est-ce que représentent les Jeux Olympiques de Paris 2024 dans votre carrière ? 

Pendant longtemps, ça n’a été qu’un rêve, j’étais jeune. Mais aujourd’hui pourquoi pas ? La Fédération m’a mis dans la course à la qualification. Je suis dans un bon virage… Aussi ce qui n’était qu’un rêve devient un petit peu accessible. Je me dis pourquoi pas moi ? Je bosse tous les jours pour pouvoir être sélectionné. Et ce ne sera pas perdu si je ne suis pas qualifié, mais de l’expérience pour les prochaines échéances. 

Comment se prépare-t-on à des Jeux Olympiques qui se dérouleront à Paris ? Et est-ce réellement un évènement particulier par rapport aux autres compétitions ? 

Les Jeux Olympiques restent les Jeux Olympiques, peu importe où ils sont organisés. Mais là, ça rajoute une étincelle. Toutefois je m’entraînerais aussi fort s’ils se déroulaient à Londres. Là, c’est simplement plus beau qu’ils se déroulent à Paris. 

Vous avez d’autres passions que le judo ? 

Je fais du kite, de la planche à voile, du surf, du tennis, du squash, je suis en fait passionné de sport… j’adore tout type de sport ! 

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre discipline et pourquoi est-elle singulière ? 

La valeur cardinale au judo, c’est le respect… Le respect de l’adversaire, de soi-même, de l’entraîneur… Par ailleurs, c’est un sport individuel mais on ne peut pas avancer tout seul. C’est un sport de respect et d’entraide. 

À quel point est-ce important qu’un partenaire comme DNCA Finance, affilié de Natixis Investment Managers, vous soutienne ? 

Le judo n’est pas un sport pro, on s’entraîne deux fois par jour ce qui bloque la possibilité de travailler. Ce soutien financer est donc essentiel, il nous permet de vivre. Et dans mon cas, j’ai prévu de continuer mes études après mon école d’ingénieur, ce soutien va me permettre de faire une thèse et de pouvoir continuer le judo…